SPECTABLE – Dix10 – Ultratopie Aventure

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Dix10 – Ultratopie Aventure


Dix10 {Roma Napoli et JJ Dow Jones}
Inauguration le jeudi 8 octobre 2009 à partir de 18 h
Exposition du 6 au 25 octobre 2009

Utratopie Aventure est une installation que présente le groupe Dix10 à la galerie Le cabinet d’amateur. Est exposée une suite de peintures sur zinc marouflé sur bois figurant les instruments et accessoires utiles au séjour dans le territoire de l’ultratopie.

Ultratopie, néologisme que nous proposons, est un espace réel et mobile qui accueille dans le paisible de son étendue un « par-delà le bien et le mal » où l’humanisme qui a produit notre monde moribond a été tout simplement congédié. Jusqu’à la catastrophe avérée de la « Shoah », l’humanisme aujourd’hui fort compromis, charriait son lot polymorphe d’ignominies et de désastres. L’idiosyncrasie qu’il véhicule encore se montre sous la forme moribonde et grotesque d’une contorsion inénarrable. Si la bouffonnerie semble d’abord l’emporter sur l’affliction, la consternation finalement nous envahit et nous atterre.

La crise majeure qu’il nous faut envisager aujourd’hui fait déjà venir à l’esprit de beaucoup d’entre nous le mot Dystopie qui signifie précisément : évocation de l’entier du catastrophique. Chaque jour, nous vivons un peu plus dans un contexte social où les techniques de contrôle largement amplifiées par la révolution cybernétique intensifient leur emprise. Ce lieu de la raréfaction des libertés individuelles et de l’augmentation exponentielle des avanies de toutes sortes aura bientôt établi un monde où l’être humain privé de toutes initiatives sera complètement soumis aux machines. Le réel « topique » qui nous est promis pour demain sera bien prêt à ressembler alors à une fiction dystopique. En opposition et continuation de l’Utopie, genre de fiction qui décrit par le menu une société évoluant de façon idéale et qui jusqu’à nous n‘a pas été mise à l‘essai, la Dystopie est une fiction qui narre une tentative isolée de résistance à un monde imaginaire donné comme le meilleur car entièrement sous surveillance. Là, dans la fiction nous avons en Utopie un énorme a priori synthétique qui gouverne le monde de façon totalitaire en s’appuyant sur une répression autoritaire dans le même temps que la Dystopie, mince a posteriori analytique, produit une narration où une poignée d’irréductibles résistent en construisant par l’entraide et la connivence le monde du commun.

En Ultratopie, l’idéalité asphyxiante de la description qui montre l’utopie et l’idéalité déliquescente de la narration qui déploie la dystopie sont laissées pour installer dans le présent de l’instant, l’énonciation actualisée d’une contingence intuitionniste venant ouvrir une spatialité matérialisante indéterminée et mobile.

En Ultratopie, le sol d’un territoire et l’idée d’un monde n’ont pas lieu d’être et s’il est bien là une ère pour l’accueil, nous la nommons « attention compagnonne ». Là, c’est l’attention à l’autre se soutenant d’une intention pour soi qui ouvre l’éclaircie achevée d’une « isotes » où l’accueil de l’autre vient à coïncider avec le recueil de soi.

En Ultratopie, il n’est plus question de résistance et ce qui insuffle est bien plutôt une insistance à énoncer avec les moyens de la matérialité spiritualisante de l’art, l’effective présence d’une « isonomie » diffusant au-devant d’elle son signal à l’enseigne du « Prodige ».

Dix10 / Juillet 2009

Historique Dix10

Le groupe Dix10 a été constitué en 1982 par JJ Dow Jones et Roma Napoli. Nous sommes fédérés sous forme d’isonomie comme choix d’une entité collective.

Notre première intervention se situe en 1982 lors d’une présentation au Cirque d’hiver par le magazine Actuel des « cent coups de génie », leur sélection de cent artistes correspondant à ce critère. Nous avions alors monté un spot publicitaire joué en live où un crooner chantait la chanson niaise correspondant à l’emploi « Nous sommes les esquimaux tout beau, tout beau », c’est-à-dire passer ensuite vendre dans les rangs des esquimaux Dix10 (peinture représentant des esquimaux) au prix d’un vrai esquimau c’est-à-dire à l’époque 1 franc.

Pour notre deuxième intervention à Paris en janvier 1983 « Le premier super marché d’art » établi sur le même principe, nous avons présenté dans les meubles spécifiques, 4 000 peintures représentant des produits de consommation courante, avec animateurs de vente, caisse enregistreuse et musique d’ambiance. En une semaine, le stock fut quasi épuisé.

C’est ce principe de pousser l’évidence jusqu’à l’absurde, pour autant qu’on s’engage à le dépasser, que nous appliquerons durant les 25 années depuis la fondation du groupe.

Cependant, ce principe ne propose pas de l’art pas cher. Il change les codifications et nous donne une extrême liberté de créer dans des cadres qui sont les nôtres et qui reflètent une spécificité formelle.

Ainsi nous avons en 1984 exposé notre Joconde nommée « Œuvre Inestimable ». une seule œuvre vendue au prix de 1 milliard de dollars. Les visiteurs pouvaient cependant s’offrir la carte postale comme au musée.

La représentation picturale d’une œuvre Dix10 est une trilogie.

La représentation plastique d’un objet, sa représentation écrite et le signe 10/10 qui fait office de signature. Ces trois éléments combinés sont les signes de reconnaissance d’une œuvre Dix10. Car la forme et le style s’adaptent à la thématique de chaque intervention et n’ont aucun rapport avec une évolution plastique dans le temps.

Chaque intervention est le rebond de notre questionnement vis-à-vis de ce que nous considérons comme actualité. Cela peut-être l’air du temps, comme l’installation d’un étal de muguet pour le premier mai, ou le Paradis des jouets en décembre ; ou une position plus particulièrement « politique » comme « interdit d’interdire » thématique de la censure.