Le premier super-marché d’art

1983  LE PREMIER SUPERMARCHÉ D’ART – Atelier 74, Paris

NE CONFONDEZ PAS PRODUITS DE CONSOMMATION ET PEINTURES, ILS SONT IDENTIQUES

 

Le 22 janvier 1983, jour de l’inauguration, le quotidien français Libération consacre une page et six photos à l’exposition. Ne confondez pas produits de consommation et peintures, ils sont identiques, écrit Michael Wijnen dans l’édition qui sort le matin de l’inauguration du Premier supermarché d’art. La même semaine les hebdomadaires L’Express et Révolution publient un article. Une trentaine d’affiches originales peintes de couleurs vives sur papier sont placardées sur les murs du quartier Beaubourg et annoncent picturalement l’événement à venir.
Nous transformons les deux étages de la galerie en véritable libre-service. Les peintures de style wild pop, couleurs vives posées vite fait en aplats et cernées de noir, figurent des produits de consommation courante. Elles sont rehaussées de traits blancs et noirs qui dessinent les brillances et les ombres de la Cellophane censée valoriser  les marchandises. Nous avons obtenu le prêt de gondoles, de rayonnages, d’armoires réfrigérantes, de petits caddies, d’un distributeur automatique et d’un comptoir avec sa caisse enregistreuse. Des fanions multicolores sont accrochés au plafond et les murs sont couverts d’affichettes annonçant les promotions. Dès l’entrée, au rez- de-chaussée, on trouve accumulées dans les rayons dédiés des peintures représentant de la viande, de la charcuterie, des poissons et des fruits de mer, des légumes et des surgelés. Au premier étage ce sont les rayons quincaillerie, vêtements femme et homme, électroménager, parfums et produits de maquillage. Une pièce est consacrée au blanc, offre traditionnelle du mois de janvier, une autre, le bureau, reçoit les suggestions et sert de studio audio où le jeune comédien Philippe Caroit annonce les prix « choc », alors que la bande-son diffuse une musique décidément pop. Le public est nombreux à attendre l’ouverture des portes malgré le froid ambiant. À 19 heures, nous laissons les pinceaux, enfilons nos blouses de travail et sommes prêts à recevoir nos premiers visiteurs.  Après une seule semaine, nous sommes en rupture de stock.

 

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