Mascarade

 

2007  MASCARADE – Galerie Les Singuliers, Paris

MASQUES MUETS ET AVEUGLES PAR TEMPS DE CATASTROPHE

Le Musée du Quai Branly ouvert depuis peu expose des objets le plus souvent extorqués aux peuples primitifs. Les objets sacrés de tribus encore bien vivantes sont l’objet d’un spectacle où n’est visible qu’un story telling esthétisant. Attentifs à cette affaire, nous lisons Le Scandale des arts premiers et décidons de produire une installation pour comprendre le sentiment de révolte qui nous assaille. C’est ainsi qu’au printemps, la galerie Les Singuliers devient un magasin d’antiquités du futur à l’enseigne de Mascarade. Une suite de douze sculptures murales représentent des masques en or qui sont absolument importables et font partie intégrante des panneaux de bois poli qui les portent au-devant d’eux. Ces masques dorés à la feuille sont enjolivés de parures finement ciselées en cuivre et en zinc, rehaussées de billes de verre et de graines exotiques. Ces masques montrent des figures étincelantes aux yeux caves et aux lèvres absentes au contraire des masques qu’il nous est permis le plus souvent de voir. Ils énoncent de façon stridente le passage de la terreur édificatrice au désarroi dirimant.
Un catalogue accompagné d’une iconographie est édité. Un texte précise la venue  nécessaire du masque, objet de transition, dans les sociétés humaines. Nous avons invité un Indien iroquois du Canada pour lui restituer un masque et ainsi clore symboliquement un différend qui perdure depuis le 18e siècle. À la dernière minute, il renonce à son voyage, son passeport Haudenosaunee ne lui permettant pas de se rendre en France. Seul l’anthropologue Bernard Dupaigne, ex-directeur du musée de l’Homme, auteur du Scandale des arts premiers sera présent pour témoigner, lors de l’inauguration, de l’imbroglio du Quai Branly.

 

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2015 Masques by DIX10 – Intuiti gallery – Brussels – Belgium

MASQUES MUETS ET AVEUGLES PAR TEMPS DE CATASTROPHE

 

Dès le bulletin-manifeste publié lors de l’exposition Œuvre inestimable en 1984 à Paris, les artistes Roma Napoli et Dow Jones donnaient à lire un texte intitulé Mythes et rituels montrant une attention particulière pour la recherche anthropologique. Dans l’esprit d’une continuité entre les propositions pour Mons et Brussels, c’est une suite de Masques qui est présentée à la galerie Intuiti. Ces œuvres établissent un lien entre la civilisation technicienne actuelle qui organise un isolement lié à la défiance en amplifiant le règne de la frayeur et la pratique des communautés premières favorisant les relations pacifiantes, pour tenter de combler l’abîme ouvert par l’agonie en expansion de notre monde désenchanté. Les rituels ou commémorations, toujours vivaces bien que menacés, de la pensée du temps de la cueillette et de la pêche rejouent ces engagements en toutes circonstances. Ces Masques qui expriment dans le même temps le mutisme et la cécité montrent des proto-visages saisit de frayeur alors que la tradition veut qu’ils figurent la démesure et la cruauté.  Ils n’ont pas vocation à être portés puisqu’à la manière du Sphinx taillé dans la roche ils émergent d’un bloc de bois massif avec lequel ils font corps. Ils nous invitent à passer de leur coté du miroir pour reprendre pied dans un monde inouï, en renouvelant la pensée d’un Comment primordial.

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